«Un ancien officier se souvient d'un excellent élément qui a dévissé à cause de cette enquête terrible, une vraie perte pour la gendarmerie.» Cet «excellent élément» se nomme Serrier, Antoine Albertini ne livre jamais de prénom, il l'appelle aussi «major Serrier», ou «L'Enquêteur numéro 1», comme le désignent avec fierté ses collègues de la gendarmerie de Bastia où il est basé.
La Femme sans tête est le premier roman d'Antoine Albertini, journaliste en Corse. Un roman double, voire triple, qui convoque trois personnages : Gabrielle Nicolet, le major Serrier et un anonyme qu'on suppose être Albertini lui-même, qu'on distingue des deux autres car il pense en italique. Ce mélange donne au roman une profondeur narrative élégante, au sens où l'histoire épouvantable racontée là respecte minutieusement les personnalités propres à chacun des «héros».
La femme sans tête est un fait divers réel comme il peut s'en passer partout, y compris dans son dénouement déconcertant. Et pourtant… Le 8 août 1988, dans un caveau familial à Santa-Lucia, au Cap Corse, est retrouvé par hasard le corps décapité et passablement momifié d'une femme dont le meurtre remonte à 1977. La momie révèle aussi des marques de violence inouïe, qui laissent à penser que la décapitation n'est pas forcément la cause de la mort. Ce corps de souffrance est celui de Gabrielle Nicolet, que Serrier identifie rapidement et auquel, pour une raison mystérieuse, il va consacrer tout son temps mais auss