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Libération
Critique

Des sapeurs au-delà des apparences

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Le cahier Livres de Libédossier
Héctor Mediavilla traque les élégants du Congo-Brazza.
publié le 26 avril 2013 à 19h06

En 2003, alors qu'il anime un atelier pour de jeunes photographes congolais, Héctor Mediavilla, 33 ans, découvre les sapeurs, in situ, dans le quartier de Bacongo, à Brazzaville. Il est «stupéfait» par ces hommes «habillés avec une élégance inhabituelle», ce plaisir de la pavane qu'ils cultivent et leur obsession à se bien vêtir quand d'autres «besoins plus basiques», manger, se loger, paraîtraient prioritaires.

Membre de l'agence Picturetank, Mediavilla commence ses recherches documentaires, lit les essais de l'anthropologue Justin-Daniel Gandoulou (Dandies à Bacongo, et Au cœur de la sape), et se lance durant sept ans dans un reportage photographique «de fond», de Brazzaville à Paris. Son livre simplement titré Sape, acronyme de Société des ambianceurs et personnes élégantes, ne prétend pas lever les ambiguïtés sur cette culture spectacle, qui remonterait aux années 20, au temps de l'Afrique équatoriale française.

Dans sa préface chaleureuse, l'écrivain Alain Mabanckou soulève la question, distinguant dans la sape «l'antithèse de la beauté traditionnelle africaine, celle du tissu local, de l'élégance des ancêtres. Le sapeur, tout comme l'écrivain de la négritude a cependant la conviction de s'attaquer, lui aussi, au colon : par les habits que celui-ci a fabriqués, ces habits qu'il ne sait pas porter et que lui, le sapeur, sait mettre en valeur. L'élégance est de ce fait "nègre"». Ainsi résumé par l'artis