Menu
Libération
Critique

L’Espagne ollé ollé

Article réservé aux abonnés
Une «marche triomphale du sexe» par l’historien Jean-Louis Guereña
publié le 1er mai 2013 à 19h06

Eminent spécialiste de l'histoire des sexualités en Espagne, Jean-Louis Guereña vient enfin offrir aux lecteurs français un ouvrage qui réunit ses articles les plus importants et ses récentes conclusions. Il précise néanmoins que l'état des travaux ne permet pas encore une synthèse. Trois raisons s'y opposent : l'essor tardif de cette thématique dans la recherche espagnole, happée par d'autres urgences à l'avènement de la démocratie, le nombre insuffisant, en conséquence, d'études monographiques, fondamentales dans un pays non centralisateur, les carences de sources, enfin, sur l'intime. Aussi est-ce avec regret que l'historien annonce que ce parcours historique, de la Restauration (1874) à la fin de la IIe République (1939), se situe davantage dans les discours et les représentations, qui dessinent les normes et les déviances, que dans les pratiques, à l'exception de l'étude de l'usage du préservatif masculin, souvent détourné de ses fins sanitaires - recommandées - vers un contrôle - répréhensible - de la fécondité.

Censure.Le créneau chronologique retenu est, selon l'auteur, celui de «la marche triomphale du sexe». Est-ce à dire que là se trouvent les racines de l'actuel avant-gardisme espagnol en matière de politique des sexualités et de la procréation, un passé que la chape de plomb franquiste a fait oublier, laissant croire à l'efficacité des interdits religieux depuis l'Inquisition ? Du reste, alors que la censu