Menu
Libération
Critique

Ventre creux

Article réservé aux abonnés
Un brûlot unilatéral sur la gestation pour autrui
publié le 1er mai 2013 à 19h06

Si, lecteur potentiel, vous êtes intimement persuadé dans votre for intérieur que ce qu'on nomme les «mères porteuses» n'est rien d'autre que de la vente d'enfant, que c'est un acte assimilable à la prostitution ou encore au Lebensborn (atroce procédé nazi qui organisait des accouplements sur ordre), alors ne lisez pas ce livre qui détaille à l'envi tous ces amalgames sous l'égide de Sylviane Agacinski citée trente fois au bas mot tout au long du livre. Et qui ne vous convaincra pas si vous êtes déjà inconditionnel de cette opinion. Mais si, lecteur potentiel, vous vous interrogez sur cette pratique nouvelle, dérangeante, contestée, parfois contestable, ne le lisez pas non plus… car rien n'est problématisé dans cet ouvrage, au demeurant bien référencé, mais seulement avec les références qui vont dans le bon sens.

La messe est dite dans ce petit livre : «La maternité pour autrui conduit à mettre des femmes pauvres à la disposition des couples riches.» C'est une pratique barbare qui inspire mépris et dégoût (sic, p.119) au terme de laquelle un prolétariat féminin reproductif vendrait son utérus («simple sac reproductif désexualisé») et son enfant.

Il y avait - et il y aura - pourtant de quoi réfléchir. Le Sénat français a commencé à s’atteler au sujet en 2008 dans un excellent rapport pluridisciplinaire et transpartis présidé par la sénatrice socialiste du Puy-de-Dôme, Michèle André (n°421, disponible sur Internet) : «Contribution à la réflexion sur la