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Libération
Critique

LaMotta, les nerfs en «bull»

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L’autobiographie du boxeur rééditée.
publié le 3 mai 2013 à 19h06

Aquoi rêve un jeune délinquant dans l'Amérique de la Grande Dépression ? A devenir «un caïd, bourré de pognon, des femmes plein [s]on plumard, une Cadillac, un grand appart, des vacances à Miami l'hiver, une maison qu'[il] offrirait à [s]a mère». Jake LaMotta, fils d'immigrés italiens né dans le Bronx en 1922 et champion mondial des poids moyens de boxe en 1949, a eu tout ça. Celui que la presse surnommait «le taureau furieux» a aussi brûlé sa vie par les deux bouts, entre accès de violence et excès de décadence. Son autobiographie, Raging Bull, rééditée en France, dessine le visage d'un boxeur au nez cassé par les combats sur le ring et par la lutte incessante qu'il a menée contre sa propension à l'autodestruction.

Petite frappe un temps candidat au poste de sous-fifre dans la mafia, LaMotta sera mis sur la voie de la castagne organisée par un aumônier lors d'un séjour dans une prison pour ados.«Le titre de champion représentait le but de toute ma vie», avoue-t-il. Il y consacra toute son énergie et y parvint, au prix d'une certaine compromission avec les bandits du Bronx. La victoire sur le tenant du titre, le Français Marcel Cerdan, a l'esthétique d'une revanche sur l'enfance. Quand il avait 8 ans, son père, alcoolique, misait sur lui dans des combats avec d'autres gosses dans les caves des pubs. Difficile de ne pas tomber dans le pathos avec une vie comme la sienne. L'auteur évite pourtant l'écueil en n'épargnant pas son lecteur d'une s