«Recevoir le fouet est chez moi une passion, un besoin. Si vous pouvez me trouver un monsieur aisé aimant fesser la femme, je vous dédommagerai généreusement.» L'annonce est parue dans le Journal au début du XXe siècle, à laquelle une note de la police fait écho : «Renseigner à nouveau sur une dame Guillou, dite de Launay, qui habite 16 bd des Batignolles. Elle s'est présentée dans plusieurs maisons discrètes dans le but de se faire fouetter par des messieurs ou dames aisées.»
Diable, qui est cette femme qui aime tant la bagatelle au martinet ? Eugénie Guillou, née en 1861, disparue des registres de la police de Paris en 1913, que Daniel Grojnowski, historien de la littérature et auteur des Romans de la prostitution, a exhumée des dossiers de la police pour en tirer ce drôle d'ouvrage, composé à partir d'archives de l'administration, d'annonces de journaux, de lettres envoyées par la susdite à la police.Eugénie Guillou, religieuse et putain, entrée comme novice chez les sœurs de Sion à 19 ans et finalement interdite de prononcer ses vœux pour les raisons qu'on imagine.
Procédurière, instruite, elle engage des poursuites, raconte son histoire de fille de bonne famille dont les parents ont été brutalement ruinés (allégations jamais vérifiées) ; passant «de la plainte à la vindicte», écrit l'auteur, qui lui diagnostique «une pathologie revendicatrice de type paranoïaque» : la «quérulence».
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