De bonne grâce, Patrick Modiano s’est plié au jeu : prélever dix «romans» de son œuvre encore incomplète pour composer un volume souple de la désormais classique collection «Quarto» des éditions Gallimard. A l’en croire, il eût aimé jouer davantage encore et s’amuser à n’en faire véritablement qu’un seul et même livre ininterrompu. Ou bien encore : enchevêtrer des passages copiés-collés ici et là dans son catalogue personnel. Il est demeuré sage, remplissant méthodiquement le cahier des charges, et l’album photo idoine. Entretien à Paris, dans son bureau.
Comment est née l’idée de ce volume «Quarto» ?
C'est eux, Gallimard. Ils m'ont envoyé une lettre avec une liste un peu hétéroclite. C'était compliqué de choisir, comme un jeu de cube dans lequel il n'y aurait pas assez de places. C'est absurde. Il ne fallait pas dépasser dix titres. Au début, ils avaient mis mon premier livre mais, en ce cas, il aurait fallu mettre les deux suivants. Alors j'ai préféré commencer par Villa triste. C'est difficile parce que beaucoup de choses se répètent de livre en livre. Sans relire, j'ai essayé d'éliminer ceux qui étaient trop proches. J'ai pensé que certains faisaient double emploi. Mais j'aurais été incapable d'établir la première liste. On n'est pas lucide, on n'est jamais le lecteur de ses propres livres.
Avez-vous parfois été surpris par la réception de vos livres ?
Surpris, non. Mais j’apprenais des choses, ça aide à mieux comprendre ce qu’on a fait. Même si c’est avec des éléments très précis, je travaille comme un somnambule. La réception permet au livre de se révéler, c’est chimiqu