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Critique

Sévices militaires

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Fondé sur le récit de prisonniers allemands, «Soldats» minimise le rôle de l’idéologie nazie dans les atrocités de l’armée
publié le 9 mai 2013 à 19h06

Depuis plus de deux décennies, le rapport à la violence de guerre que la Wehrmacht a entretenu durant la Seconde Guerre mondiale a subi bien des réinterprétations. Aux temps heureux du chancelier Adenauer, l’Allemagne vivait sur de consolantes certitudes : l’armée régulière avait combattu avec bravoure sans jamais tremper dans les crimes contre l’humanité, basses œuvres confiées aux seuls soldats politiques du Führer, la SS. La recherche historique ainsi qu’une exposition retentissante consacrée aux crimes de la Wehrmacht en 1995 ont brisé cette distinction fallacieuse mais populaire : elle permettait en effet d’exonérer la masse des conscrits des meurtres sanguinaires commis, entre 1940 et 1945, dans l’Europe occupée.

Un historien réputé - Sönke Neitzel - ainsi qu’un socio-psychologue - Harald Welzer - versent aujourd’hui au dossier une pièce capitale. Les Britanniques ont, pendant la guerre, enregistré les milliers de prisonniers qu’ils avaient capturés. Ignorant que leurs propos étaient écoutés, ces hommes discutèrent librement, livrant sans détour leur vision du conflit. Déclassifiée en 1996, cette source était restée quasiment ignorée jusqu’à ce que Sönke Neitzel se décide à l’exploiter à partir de 2001. Les résultats de cette longue enquête sont, autant le dire d’emblée, passionnants.

Sacrifice. Que les hommes de la Wehrmacht aient directement participé à la destruction des Juifs d'Europe et à l'assassinat de millions de Slaves ne fa