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Libération
Critique

Une histoire pleine de ratures

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Un XXe siècle sans SS ni guerres, une hilarante uchronie.
publié le 10 mai 2013 à 19h07

On n’a pas eu de chance. Lénine n’est pas mort dans le wagon plombé qui l’emportait clandestinement vers la Russie en cette année 1917, où il partait faire la révolution. Son train n’a pas déraillé, la révolution bolchevique a donc eu lieu.

Pas de chance, se dit-on en lisant Il est midi dans le siècle, le brillant et hilarant exercice d'uchronie - «l'histoire refaite telle qu'elle aurait pu être» - de Michel-Antoine Burnier et Léon Mercadet. Les deux journalistes-écrivains refont ensuite l'histoire du XXe siècle, moins épouvantable, sans guerres mondiales, génocides et boucheries en tous genres.

Les auteurs tuent Lénine au premier chapitre, du coup pas d'insurrection, pas de dictature du prolétariat en Russie, mais un sympathique gouvernement social-démocrate. En Allemagne aussi, la social-démocratie gagne, les deux pays vont construire pacifiquement leurs nouvelles démocraties, c'est le boom économique. Les cinéastes allemands, les Fritz Lang, Ernst Lubitsch, ou Billy Wilder ne s'exilent pas en Californie. Hollywood reste un quartier sans intérêt de Los Angeles, Berlin devient la capitale mondiale du cinéma. Alors la première superproduction en couleurs des studios berlinois sera Autant en emporte le Rhin (Im Rhein verweht)…

Un certain Adolf Hitler reste heureusement un peintre anonyme. La guerre d’Espagne est gagnée par les Républicains grâce à l’aide des démocraties allemande, russe et française, le fascisme finit aux poubelles de l’hist