Les essais sur la musique se penchent rarement sur les nouveaux usages qu'a introduits la dématérialisation de celle-ci avec le MP3, puis le streaming et le cloud. Il revient au critique Joseph Ghosn dans Musiques numériques, essai sur la vie nomade de la musique (Seuil) d'y remédier. L'auteur s'attache entre autres aux expériences d'Animal Collective sur Internet qui rendent la musique enregistrée à son état de «flux, impossible à réécouter dans un ordre donné», provoquant ainsi la «surprise» du réel dont Santiago Espinosa dit qu'elle caractérise la musique. Joseph Ghosn analyse aussi la question du stockage compulsif et, corrélativement, d'un territoire musical désormais mis en pièce par les fantômes de l'omnidisponibilité.
Toujours dans l'égaillement, le poète Jean-Michel Maulpoix accorde avec la Musique inconnue (Corti) les voies de la poésie et de la musique, partant de la question du mutisme chère à Jankélévitch (et invoquée là encore par Espinosa) pour analyser Proust, Baudelaire, Valéry ou Bonnefoy. De son côté, avec Imager la musique au XIXe siècle (Klincksieck), le musicologue Joël-Marie Fauquet ausculte l'iconographie musicale (photographie, affiche, caricature, peinture, etc.) pour mieux comprendre, par exemple, la formation de la notion d'écoute au XIXe siècle, écoute qui prend le modèle de la «contemplation» romantique. Ainsi sur le tableau de Khnopff,