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Libération
Critique

Du son, rien que du son

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Quand la musique tombe des sphères
publié le 22 mai 2013 à 22h31

Soudain, une avalanche d'essais sur la musique. Comment on la produit, comment on l'écoute, la juge, la stocke, l'oublie… Si elle fait pleurer ou rire, comment elle dialogue avec la littérature, les arts plastiques, comment une œuvre entre dans l'histoire et puis en sort, et s'il est bien raisonnable de danser devant son miroir en beuglant «I was Born This Way» sous une perruque jaune.

La philosophie de l’art a généralement tendance à éviter la musique. Ou à la ranger ailleurs. Par exemple, tout le monde voit bien confusément que, contrairement à la peinture ou au théâtre, la musique a peu de chances d’arriver à imiter ou à représenter quoi que ce soit, si ce n’est le cri des oiseaux ou la voix humaine. Comparée aux autres arts, sa matérialité est problématique puisqu’elle n’est que vibration disparaissante. Du coup, la décrire n’est jamais aisé : on peut dire à quels sentiments on l’associe, un peu moins à quoi elle ressemble. Dans le cas de la voix, ça se complique, car on ne sait pas trop quels rapports le chant entretient avec le cri, la parole, la musique, et où se situent les frontières. Voir Rousseau sur le langage.

Spectres. Deleuze avait tenté de définir la musique comme un principe territorialisant : je sifflote un air quand je fais le tour de mon territoire, quand je m'en éloigne ou quand j'y retourne. Une sorte de cri, donc, de marqueur. C'est la «ritournelle», qui prend en compte l'usage le plus banal de la musique po