Si Georges Politzer, philosophe et résistant, a laissé une trace dans l’histoire nationale, il a surtout marqué la mémoire de l’un de ses enfants. Condamné à vivre avec le souvenir éprouvant d’un père fusillé au mont Valérien et d’une mère déportée à Auschwitz, Michel Politzer explore ici l’énigme d’un héros méconnu et d’un deuil impossible.
Fils d’un médecin du travail hongrois, Georges Politzer, après avoir participé à l’éphémère révolution de Béla Kun, rejoignit la France en 1921 pour entamer un cursus de philosophie. L’étudiant était doué. Il réussit son agrégation en 1926 et se distingua tant par la qualité de ses premiers livres que par sa critique impitoyable de Bergson dont il dénonçait, non sans outrance, l’idéalisme. Après le rejet d’une première demande en 1929, enfin adoubé au Parti communiste en 1930, il en devint un militant dévoué - au risque de se perdre. Le révolutionnaire exalté avait connu en 1919 une première mort, en assistant à l’échec de la révolution hongroise. Il en vécut une seconde en 1930 : le philosophe abandonna une œuvre prometteuse pour se vouer corps et âme à la cause ; surtout, il abdiqua tout esprit critique, campant sur la ligne la plus sectaire, se déchaînant par exemple contre Georges Friedmann qui avait eu l’audace de critiquer, en termes modérés pourtant, l’Union soviétique stalinienne.
La troisième mort ne tardera pas. Entrant assez tôt dans la Résistance, Georges Politzer fonde aux côtés de Jacques Solomon et de Jacques Decour un pério