Livre et jeu vidéo. Vous pensiez que ces deux domaines évoluaient à des distances cosmologiques l'un de l'autre. Vous étiez sûrs que Montaigne aurait eu peu de goût pour World of Warcraft, et Super Mario pour Nathalie Sarraute. Eh bien vous vous fourriez le doigt dans l'œil jusqu'à l'hippocampe.
Des liens subtils existent entre ces deux champs, que le prochain numéro de la revue québécoise Mémoires du livre entend savamment disséquer. Pour préparer cet événement, les dénommés Björn-Olav Dozo et Fanny Barnabé ont lancé un appel à contribution tout à fait remarquable : ces deux universitaires de Liège aimeraient que nous réfléchissions au «livre comme support ou prolongement de l'expérience vidéoludique» (car oui, les jeux s'accompagnent parfois d'un livret). Ils souhaiteraient que nous dissertions sur «Les représentations du livre et de l'écrit au sein des œuvres vidéoludiques». Parce qu'il arrive que les bouquins aient un petit rôle dans les jeux. Soudain, dans une sombre ambiance donjons et dragons, surgit un type avec la tête de Bernard Pivot qui se met à agiter un grimoire cerclé de fer, nous assurant qu'il s'agit là d'un livre absolument admirable, ne serait-ce que parce qu'il contient les formules magiques nécessaires à la conquête du royaume de Zorglub. En termes plus savants : «Dans le domaine du jeu vidéo, la représentation de l'objet-livre semble véhiculer à elle seule un certain imaginaire : le livre est souvent prése