SAMEDI
Loin de l’agitation
Ce matin, je prends le train pour Arveyres. C’est ma quinzaine campagnarde qui commence. Depuis trois ans et l’achat d’une maison au bord de la Dordogne (vraiment au bord ; le fleuve coule à vingt mètres de la maison…), je vis quinze jours à Paris et quinze jours là-bas, tentant de caser entre les deux mes reportages lointains. J’aime l’alternance que m’offre cette vie, ce passage du presque contemplatif au plutôt festif, de la famille aux sorties, de mes 400 mètres carrés girondins à mes 10 mètres carrés parisiens. A l’inverse de Paris, ce qui nous touche directement - mon voisin vigneron, pêcheur de lamproies et vidangeur, ma voisine, conseillère municipale et propriétaire d’un minigolf, et moi -, on n’en parle pas aux infos. Une manif antimariage gay qui dérape, et c’est partout. Une digue qui menace de céder… ici, l’agitation ne dépasse pas nos trois maisons.
Il n'y a eu qu'une exception récente, quand le maire d'Arveyres a refusé de fournir un plat de remplacement le jour où on servait du porc à la cantine. Mais c'était le rattachement de cette anecdote à des problématiques nationales qui suscitait cet intérêt, pas la prise en compte de la vie d'une petite commune. Revenir à Arveyres, c'est aussi ça : avoir l'impression d'entrer dans un monde dissimulé, que les nouvelles ignorent, et s'éloigner du théâtre des médias sur lesquels s'agitent des acteurs que je fréquente parfois. Cela m'étonne encore quand on me demande : «Ah vous connaissez untel ?» Pas que je conn