Avec l’aide de la psychanalyse et du théâtre, notamment celui de Shakespeare, le psychanalyste britannique Adam Phillips écrit un de ces brillants essais dont il a le secret sur les expériences que nous n’avons jamais eues et dont nous sommes en deuil.
Des événements récents (les affaires DSK et Cahuzac) incitent à lire avec plaisir le chapitre intitulé «Se tirer d'affaire». Freud l'avait remarqué : le premier mensonge réussi de l'enfant vis-à-vis de ses parents signe le premier temps de son indépendance, quand il se donne la preuve que ses parents ne peuvent pas lire en lui, qu'ils ne sont pas des déités omniscientes. Mais, après le pot de confiture dérobé, il y a un prix à payer… Si quelqu'un se tire d'affaire - la question dépend évidemment beaucoup de «l'affaire» -, «c'est qu'il s'est bien et mal débrouillé», écrit Phillips. Sa délivrance le laisse sans protection.
Sartre, pour sa part, écrivait que lorsque nous parlons de nous en tirer, nous parlons de l'éventualité grisante de ne pas être puni d'avoir fait ce que nous pensions désirer faire ; c'est ce qu'il appelait le «vertige de la liberté».
Se tirer d'affaire, selon Phillips, veut ainsi dire réécrire l'histoire. Si vous vous en tirez, c'est que vous êtes revenu sur vos attentes, y compris celles du récit. C'est ainsi que la plupart des histoires - toutes celles qui sont moralement édifiantes - montrent pourquoi et comment nous ne parvenons pas à nous tirer d'affaire.
Que se serait-