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Libération

Fatale croisière

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publié le 5 juin 2013 à 19h06

Bilan judiciaire de la saison littéraire : 3-1. Trois condamnations de romanciers - Christine Angot, Marcela Iacub, Lionel Duroy - poursuivis par des personnes qui s'étaient reconnues trop précisément dans la fiction, tandis qu'a été déclarée nulle l'assignation en référé pour atteinte à la vie privée déposée contre Chantal Chawaf, auteure de Délivrance brisée (pour s'en tenir aux affaires les plus commentées).

Angot et l'éditeur de les Petits ont été condamnés à verser 40 000 euros de dommages et intérêts. Pour Iacub et l'éditeur de Belle et Bête, la facture a été de 50 000 euros, avec en sus la publication d'un encart dans le livre avertissant que ceci et cela. La semaine dernière, nous avons réuni les deux romancières sur un bateau-mouche pour un dîner-débat sur le thème «Fiction et réalité : mythe ou fatalité ?» Après que nous eûmes fait douze fois le tour de l'île de la Cité et vidé un nombre considérable de bouteilles d'Auxey-Duresses 2007, Angot et Iacub ont bien voulu répondre à quelques questions.

Comment analysez-vous la portée ontologique de la fiction depuis sa parenté étymologique avec…
Marcela Iacub : Celles qui dénoncent la prostitution devraient se demander si elles ne seraient pas prêtes à laisser leurs principes de côté si on les payait 6 millions de dollars pour une pipe.

Christine Angot : Si vous ne débarquez pas cette femme dans la minute, je lui en colle une.

Iacub (se dressant, prête à en découdre, puis considérant avec effarement la troisième assiette de charcuterie qu'on vient de lui apporter ) : Mais je vais jamais pouvoir bouffer tout ça !

Dans vos livres, l’homme est souvent…

Angot (vive) : Arrêtez de nous prendre pour des nonnes sauvant des hommes perdus, malheureux,