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Libération
Critique

L’arme du crocodile

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Un flic déchu poursuit un serial killer dans les rues de Naples
publié le 5 juin 2013 à 19h06

Le crocodile est une parfaite machine de mort. Tapi dans les eaux troubles des marécages de la savane, il guette sa victime. Invisible, immobile et silencieux. Avant de happer sa proie et de l’entraîner dans les profondeurs pour la dévorer.

Guiseppe Lojacono, dit Peppuccio, le policier sicilien aux yeux en amande exilé au commissariat San Gaetano de Naples, a immédiatement fait le rapprochement. Les journalistes qui se sont emparés de la série de meurtres ensanglantant Naples ont surnommé leur auteur «le crocodile» à cause des mouchoirs tachés de larmes que la police trouve près des corps. Mais Lojacono sait que «ce sont des conneries», l'assassin n'est pas plus émotif que sadique. Le tueur au sang-froid qui hante les rues de la capitale de la région de Campanie ne pleure pas ses victimes. Il a simplement adopté la méthode du reptile : un scrupuleux repérage des lieux, une attente patiente et une seule balle de .22 LR tirée à bout portant dans la tête. A l'aide d'une arme de poing imprécise et de courte portée. Rien à voir avec celles généralement utilisées par la Camorra, la pègre napolitaine, que la police locale soupçonne.

Mais personne ne demande l'avis de Peppuccio, payé à ne rien faire en dehors des interminables parties de scopa contre son ordinateur. Tricard depuis qu'il a été accusé de collusion avec la mafia, chez lui en Sardaigne, il préfère de toute façon noyer son chagrin dans la trattoria de la belle Letizia. Ses chefs le mépri