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Critique

Paris, berceau de sans-culottes

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Comment les transformations sociales opérées dans la capitale ont fait le lit de la Révolution
publié le 5 juin 2013 à 19h06

Pourquoi Paris, plus qu'aucune autre capitale européenne, est-elle une ville révolutionnaire ? L'historien australien David Garrioch, à propos de 1789, suggère une réponse en étudiant les conséquences politiques des transformations de tous ordres qu'a connues Paris au cours du XVIIIe siècle. Il ne s'agit pas, comme le rappelle Daniel Roche dans sa postface, de mettre en évidence des causes ou des déterminismes rigides mais, à l'instar de l'historiographie actuelle, de s'intéresser aux conditions qui ont rendu possible l'émergence d'une séquence révolutionnaire.

«Comment une ville caractérisée par un niveau de violence assez faible et une apparente passivité politique a-t-elle pu provoquer un soulèvement qui allait transformer l'Europe ?» Pour David Garrioch, le facteur-clé est le passage progressif à partir de 1750 d'une «culture coutumière» à une double culture métropolitaine et plébéienne, caractéristique des grandes villes du siècle à venir. La culture coutumière se caractérise par la force des liens personnels au sein du quartier et du métier, ainsi que par le respect des rangs et des hiérarchies, deux aspects créateurs de liens sociaux transversaux. Or cette culture régresse au cours du siècle, en particulier dès les dernières décennies.

Transfert. Une nouvelle économie spatiale s'est en effet mise en place. Ainsi, la distance entre le peuple et la noblesse s'est accentuée au cours du siècle car un nombre