A quoi reconnaît-on le chef de la Résistance ? Au nombre de pseudonymes qu'il a dû employer, preuves qu'il était sur tous les fronts. En deux ans et demi de combat clandestin, il a été tour à tour Joseph Jean Mercier, Rex, Max MX, Alix, EX 20, Régis, Richelieu, Joseph Marchand, Jacques Martel…Cette liste impressionnante, publiée à la toute fin du beau livre consacré à Jean Moulin, force le respect. Et l'attachement d'une opinion française indéfectible : «Selon un sondage réalisé en 2000 pour la revue Histoire, 36% des personnes interrogées le plaçaient au premier rang des personnages les plus sympathiques [ce qui le classait derrière Marie Curie, mais devant Jeanne d'Arc]», note Jean-Pierre Azéma dans la préface de l'ouvrage des historiennes Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon.
Le livre accompagne la commémoration du 70e anniversaire de la mort de «l'artiste, préfet, résistant». On regrette le ton résolument hagiographique de l'ouvrage, certes réservé à cette gloire de la France, modèle républicain absolu, exemple d'intelligence et de courage, mais dépourvu du moindre défaut ni faiblesse, alors que le propos dépasse l'homme de devoir, en évoquant aussi non point l'intimité, mais une part de privé du grand patriote.
Hormis cette réserve, les 190 pages proposent de belles surprises, notamment dans ses illustrations (les dessins et autres aquarelles de Jean Moulin, alias Romanin, son premier pseudonyme), les docum