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Libération
Critique

SOS mythes

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Rachel Cusk ouvre son foyer, dévasté par la séparation, et invoque les grandes figures de la Grèce antique
publié le 12 juin 2013 à 19h06

Contrecoup,contrepoids : après le Roman du mariage de Jeffrey Eugenides en début d’année, l’Olivier publie le livre du divorce. Rachel Cusk préfère le mot «séparation», c’est celui qu’elle a choisi pour le sous-titre («On Marriage and Separation») et celui qu’elle emploie pour définir la situation. Peut-être parce que les bords d’une «séparation» dépassent du cadre juridique, sans doute parce qu’il était encore trop tôt pour parler d’autre chose : «Mon mari et moi nous sommes séparés il y a peu, et en quelques semaines, la vie que nous avions construite a été brisée, tel un puzzle réduit à un tas de pièces aux formes irrégulières.» Née au Canada et basée à Brighton, Cusk a fait du foyer le terreau de sa fiction. Elle nous ouvre ici le sien, son «foyer postfamilial» où l’on entre, la tempête passée, lorsque la nature silencieuse et dévastée révèle son nouveau paysage. Les Variations Bradshaw (l’Olivier, 2010) traversait les saisons, de septembre à septembre. Contrecoup commence en été et s’achève en hiver, c’est le récit d’une année sans printemps. L’écrivain observe le retentissement, les réactions de ses deux filles et de son entourage, la douleur de son expérience et sa rédemption par les mythes.

Il y a plusieurs étapes, prise de conscience, affaissement, résistance. Quand vient le temps de la réaction, la vue des autres familles devient insupportable. «Au parc, ils me croisent sur leurs vélos, la mère, le pè