L'éditeur Maurice Nadeau est mort dimanche à Paris. Il avait 102 ans et s'évertuait à maintenir en vie son journal, la Quinzaine littéraire. «La mort ? Ça m'embête un peu», nous disait-il récemment ( Libération du 29 mai). «Je n'arrive pas à être froid devant ça. J'ai assisté à la mort de ma femme, qui avait la maladie d'Alzheimer. Une agonie d'une nuit. Moi, je voudrais que ça se passe bien. Comme Leiris, mourir une tasse de thé à la main.» Il est mort chez lui, à 18 heures, entouré de ses proches.
Nadeau est entré dans l'édition en 1947, et il n'a fondé sa propre maison qu'en 1977, lui donnant son nom en 1979. Les éditions Maurice Nadeau ont publié un chef-d'œuvre, Sarnia, l'unique roman de G. B. Edwards. On sait surtout qu'elles ont accueilli le premier roman de Michel Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, en 1994. «Houellebecq, ce n'est pas moi qui l'ai découvert, c'est lui qui a voulu se faire découvrir par moi», explique Nadeau, avec sa causticité habituelle, à Pierre Assouline, dans Lire, en 1997. Michel Houellebecq est parti ensuite pour Flammarion, Nadeau lui ayant refusé des poèmes, qui étaient à ses yeux «tout sauf de la poésie». Les auteurs ont toujours quitté Nadeau, à un moment ou à un autre. En trente ans, entre 1947 et 1977, il a été le premier éditeur français de Walter Be