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Critique

Bête de Somme

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Un scénariste en rupture retrouve ses bords de mer, par Philippe Curval
publié le 19 juin 2013 à 19h06

La dédicace vient d'un auteur, 83 ans aujourd'hui, qui a vécu plusieurs époques d'un genre qui n'a pas toujours eu bonne presse : «A mes amies, mes amis, trop tôt disparus, qui m'ont accompagné au long d'une merveilleuse aventure littéraire, celle de la science-fiction.» La phrase d'un survivant, qui a écrit une quarantaine de romans et plus du double de nouvelles, et s'émerveille encore de continuer dans ce sillage.

Pionniers. Juste à temps débute par un homme en colère, en profonde explosion interne. Simon, scénariste de séries télévisées, se situe à un tournant de sa trajectoire. Rupture avec Carmina, la femme volcanique avec qui il vivait depuis dix-sept ans. Rupture avec les compromissions en décidant de s'immerger dans un projet personnel après avoir transigé durant toute sa carrière. «Vois-tu, dit-il à Carmina alors qu'ils semblent sur le point de se quitter, le temps roule de plus en plus vite, crée un effet de tourbillon qui efface tous les repères, plonge dans l'oubli tout ce qui ne surnage pas grâce à un effet de mode.» Un diagnostic presque ad hoc pour notre réalité.

Loin de tous les scénarios marketing à succès, l'homme qui se réveille veut faire un film sur les frères Caudron. Gaston et René Caudron étaient des pionniers de l'aviation du début du XXe siècle. Avant même la Première Guerre mondiale, où l'un d'entre eux laisse sa peau, ils ont conçu un planeur qui a volé à quelques