Première question posée au maître nageur : «Savez-vous nager ?» Dezsö Kosztolányi, quand il se pique de devenir journaliste, pratique un journalisme très particulier. L'auteur hongrois du Traducteur kleptomane, d'Alouette et Anna la douce, né en 1885 et mort en 1936, a réalisé ces Portraits qui sont plutôt des interviews commentées (avec une introduction, une conclusion et quelques commentaires en italiques dans le corps de l'entretien) à la fin des années 20. Les 35 textes publiés ici concernent pour la plupart des métiers (la sage-femme, le receveur de tram, le fossoyeur, la domestique, le sapeur-pompier). «Le Kosztolányi qu'on aperçoit par la lucarne de ces pseudo-reportages est un chroniqueur d'une incroyable inventivité, qui les épice aussi d'une bonne dose de poésie», écrit Csaba Báthori dans sa postface, mettant en doute l'absolue réalité journalistique des textes. Le maître nageur est d'abord indigné par la question sur ses compétences natatoires mais son intervieweur lui raconte l'aventure d'un «excellent maître nageur» tombé dans l'étang et qu'une élève de 9 ans dut sauver. Puis il développe avec les critiques qui semblent capables de juger des livres quand bien même ils n'en ont jamais écrit et qui ont leur argument pour ça, l'un d'eux demandant à un écrivain s'il était capable de dire si un œuf qu'il venait de manger était bon ou mauvais. Oui, évidemment. «Vous n'avez pourtant jamais fait d'œufs,
Les produits d’entretiens de Dezsö Kosztolányi
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par Mathieu Lindon
publié le 19 juin 2013 à 19h06
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