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Critique

Recherche Dustan perdu

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Réédition des romans crus et cul de l’auteur mort en 2005
publié le 19 juin 2013 à 19h06

On manifeste contre le mariage gay, on le légalise, et on réédite Guillaume Dustan, né William Baranès, écrivain français, magistrat et pédé, explorateur du corps et voyageur au bout de la nuit techno-partouzarde des années 90. Il meurt en 2005 chez lui, d’une embolie pulmonaire probablement due à un excès ou à un arrêt brutal de médicaments. Il a 39 ans, ce n’est pas un bel âge pour mourir. Ses livres se vendent à quelques milliers d’exemplaires. Il est séropositif, rescapé, ultradépressif. Son personnage public de provocateur l’a mis à nu en recouvrant de paillettes et d’imbéciles les phrases qui lui ont permis de naître. Les lieux qu’il habite, il les a quittés l’un après l’autre en laissant tout, rien dans les mains rien dans les poches. Son épitaphe pourrait être : j’ai vécu sans protection.

Dustan, c'est l'homme qui écrit en 1999 dans Nicolas Pages : «On va vouloir faire des bébés avec deux spermatozoïdes et pas d'ovule et ça sera interdit. On veut élever des enfants dans notre couple monosexuel et c'est interdit. On veut adopter et c'est interdit. On veut vivre avec un étranger et c'est interdit. On veut se marier et c'est interdit. Il n'y a plus que nous et les fous et les enfants qui n'avons pas le droit de nous marier. Avant, il y avait aussi : les esclaves, les serfs, les couples interraciaux, les bonnes (ou alors c'était la porte). Diviser pour régner, c'est toujours le même truc. Et puis avilir.» C'est aussi l'homme qui dit d'un air las chez Thierry