«Améliorer la communication, c'est travailler à la liberté réelle, positive et pratique […], c'est faire de l'égalité et de la démocratie», écrivait l'ingénieur saint-simonien Michel Chevalier en 1832. Deux siècles après, alors que les contestations populaires du printemps arabe ont largement usé des réseaux sociaux pour s'organiser, où en est-on ? L'égalité, la démocratie, ont-elles progressé avec le passage de la société industrielle, dans laquelle vivait Michel Chevalier, à la société en réseaux - qu'il appelait de ses vœux et que nous vivons, nous, aujourd'hui ? Quels sont les nouveaux maîtres, les nouvelles formes de domination, les nouveaux pouvoirs dans un monde où «l'espace des flux» a dissipé «le temps», dans des sociétés qui ont acquis un «caractère structurellement éphémère» et où «l'être» annule «le devenir», comme l'écrit le sociologue et professeur de planification urbaine à Berkeley Manuel Castells dans un livre qui devrait faire date ? Immense question, que l'actualité nationale (que l'on songe seulement à l'affaire des «pigeons» ou à l'organisation de la contestation de la loi Taubira) et internationale (Cablegate Wikileaks, microblogs chinois) pose et repose sans cesse.
Prévisions. Car le pouvoir, son exercice ni ses effets, n'ont évidemment disparu avec la révolution technologique. On peut, en préambule de toute réponse, remarque Castells à qui l'on doit déjà trois g