Une vie. Une grande vie. Intense, passionnée, romanesque. Qu'on n'ose qualifier de belle car interrompue à 52 ans et traversée par la mort d'un enfant. La vie d'un homme discret, parfois secret, surdoué de l'escalade, à qui Charlie Buffet, écrivain et chroniqueur montagne, ancien journaliste à Libération, consacre une belle biographie aux éditions Guérin.
Erhard Loretan naît en 1959 dans le canton de Fribourg, en Suisse romande. «Tout petit déjà…» S’il est une personne à qui cette expression un peu galvaudée peut s’appliquer, c’est bien au jeune Erhard qui, à partir de 11 ans, va enchaîner les courses, les voies, les faces nord et les parois les plus folles, dévorant les cimes, jusqu’à sortir major de sa promotion de guide à 21 ans. Comme nombre de ses pairs à cette époque, il se lance à l’assaut des géants de l’Himalaya. Le 10 juin 1982, il atteint le sommet du Nanga Parbat, son premier 8 000. Le début d’une série qu’il achèvera treize ans plus tard avec le Kangchenjunga, devenant le troisième homme à avoir gravi les quatorze sommets les plus hauts de la planète. Le lendemain, sur la même montagne, Benoît Chamoux, autre surdoué de sa génération, disparaissait après une ultime conversation radio.
La mort donc, trop présente, ainsi que la souffrance et les drames intimes, transcendés par une légèreté, un amour de la liberté, une disponibilité, dont Charlie Buffet témoigne avec sensibilité au travers de ce portrait nourri de nombreuses rencontres avec les proches de l’a