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Critique

Einstein dans l’univers juif

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Le Nobel en appui sioniste
publié le 26 juin 2013 à 19h06

Albert Einstein avait souhaité que ses archives soient conservées par l'Université hébraïque de Jérusalem. Depuis sa mort en 1955 à Princeton, elles ont été consultées par des centaines de chercheurs, qui ont produit des bibliothèques d'ouvrages sur le génie et l'homme, libre penseur, rebelle, pacifiste, philosophe et drôle. L'historien français Simon Veille, lui, a, sept ans durant, passé ces milliers de documents au crible d'une question, inscrite au cœur même de leur transfert dans cette université, créée en 1925 grâce au soutien du physicien : quels furent les liens d'Einstein à l'univers juif, ses luttes, ses débats, notamment autour du sionisme, lui qui se déclarait à 16 ans «sans confession» et a tant dénoncé les nationalismes ?

Einstein a connu au plus près la déferlante antisémite qui, dès la fin du XIXe siècle, gangrène l'Europe. Il est né à Ulm en 1879, dix ans après le décret accordant l'égalité des droits aux Juifs, dans une famille de commerçants fiers d'être assimilés. Il grandit dans l'Allemagne victorieuse où prospère l'antisémitisme depuis le krach de 1873 ; il est éveillé à la science par un étudiant lituanien pauvre, qui a fui les pogroms, comme 3 millions de Juifs de l'empire de Nicolas II entre 1880 et 1914 ; il évolue à Zurich, Berne, Prague, Berlin, dans des cercles comptant nombre de ces réfugiés, interdits d'université par le numerus clausus du tsar.

Einstein hait le conformisme bourgeois des Juifs allemands assimilés, qui méprisen