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Libération

L’atelier d’écriture de Proust

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Les 100 ans de «Swann» en avant-première
publié le 26 juin 2013 à 19h06

Il y a exactement un siècle, en juin 1913, Marcel Proust était pris dans le feu croisé d'une passion amoureuse et d'un travail intense de relecture-écriture : il corrigeait les épreuves de Du côté de chez Swann, qui allait être le premier volume d'A la Recherche du Temps perdu. L'amour et la littérature, la littérature et l'amour, et au bout du compte un résultat mitigé. L'objet de la passion de Proust (guère réciproque), le jeune Alfred Agostinelli, allait se tuer l'année suivante dans le crash de son avion, après avoir fui son «maître». L'objet de son travail - une cathédrale de papier couturée, raturée et suturée - allait se hisser prestement au sommet de la littérature mondiale, pour ne plus en redescendre.

Cet automne seront célébrés les 100 ans de Swann (le livre est arrivé en librairie le vendredi 14 novembre 1913), mais dès septembre une avalanche d'ouvrages analytiques et commémoratifs balaiera les librairies. Avalanche qui, à vrai dire, a commencé à rouler dès le début de l'année. Le plus singulier de ces ouvrages - et assurément le plus cher : 189 euros (prix de lancement) - est un «beau livre» de grand format, édité par Gallimard et supervisé par Jean-Yves Tadié, qui détaille l'un des chantiers littéraires les plus invraisemblables du XXe siècle. Au début du mois d'avril 1913, Proust reçoit de son éditeur, Grasset, les premières épreuves de Swann (1). Et il va tout réécrire en deux mois ! «Il ne reste p