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Libération
Critique

Un joyeux pop-anniversaire

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Godard, Guyotat… «Artpress» fête ses 40 ans en publiant des séries de grands entretiens
publié le 3 juillet 2013 à 23h42

En décembre, la revue Artpress a eu 40 ans. Ce n'est pas le meilleur âge pour mourir. C'en est un pour rappeler les raisons qui l'ont fait vivre. Elle publie, dans de petits livres souples aux couleurs plus ou moins vives, à la mise en page sobre sous des couvertures pop, des séries de «grands entretiens» avec des intellectuels, artistes, écrivains, qui ont secoué la création contemporaine.

L’intérêt est double. D’une part, ces entretiens, presque tous approfondis, agissent comme les marqueurs d’un temps bientôt perdu : ce sont les madeleines de l’avant-garde. D’autre part, chaque protagoniste a une histoire, parfois conflictuelle, avec l’aventure de la revue. Chacun lui a donné plusieurs interviews au cours des décennies. Les lire ensemble, créateur par créateur, révèle la cohérence d’un travail, ses variations, l’évolution des discours qui le portent et le justifient. Chacun est ici en quelque sorte, comme dans les westerns, le pionnier d’un territoire vierge qu’il décrit à mesure qu’il le découvre. Les mots s’inventent en avançant.

Bain. Une première fournée consacrait Michel Houellebecq, Georges Didi-Huberman, les artistes pop américains, le Suisse Harald Szeemans. Une phrase de Jasper Johns, dans le livre sur le pop art, résumait le sens initial du combat de la revue : «Lorsqu'on est jeune, on se pose des limites, souvent très dures. L'explication n'est pas compliquée : on a besoin d'être exact avec soi-même.» Rimbau