La bonne nouvelle, c'est qu'on n'est pas obligé d'attendre la rentrée pour lire l'un des plus beaux livres de l'année, le Garçon incassable. Et pour une fois, il n'y a pas de mauvaise nouvelle, profitons-en.
C’est avec cette remarque un peu abrupte qu’on aborde Florence Seyvos, sous une pluie éclatante et un genre de tente, où elle a trouvé refuge. La moquette de fortune devient spongieuse, l’eau commence à monter, le sable devient mouvant, les escarpins défaillent, les beaux vêtements ne tiennent pas le choc, et tout le monde se rue devant les baies vitrées - le camping est sophistiqué - pour photographier des stars qui photographient les vagues en détresse. Il y a une ambiance de banquet du dimanche, le repas s’étire, c’est très long entre chaque crevette. Le sommeil gagne, chacun est prisonnier de la tempête, titre d’un magnifique album pour enfants de Florence Seyvos, illustré par Claude Ponti, songe-t-on soudainement. Où est-on ? A Cannes, festival de cinéma.
Florence Seyvos est une fille discrète, elle ne nous dit pas ce qu'elle fait là. Et discrète, elle l'est où qu'elle soit, elle n'envahit pas les librairies chaque année, elle ne twitte pas, ne pratique aucune forme d'autocélébration, mais ne squatte pas non plus la Quinzaine littéraire ou le Matricule des anges. Elle est plutôt habillée de gris ou de bleu marine, nous semble-t-il, mais on s'aperçoit après qu'on a oublié tout détail vestimentaire. «J'ai un truc de survie à Canne