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Duras hors-Goncourt. Et si l'amant n'avait pas été primé

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Rewind. Cet été, «Libération» transforme l’Histoire en fictions. La romancière rate le prestigieux prix. Convaincue d’avoir été spoliée par les jurés, elle prend sa revanche.
Marguerite Duras au début des années cinquante, à son domicile parisien. (Photo AFP)
publié le 21 juillet 2013 à 21h16
(mis à jour le 25 juillet 2013 à 12h52)

Bertrand Poirot-Delpech franchit en cinq minutes les 500 mètres qui séparent la rue des Italiens de la place Gaillon. Claude Gallimard vient d'appeler, comme convenu, au Monde des livres. Poirot-Delpech a le Goncourt. Quand il arrive devant Drouant, François Nourissier, face au buisson de micros, est en train d'annoncer la victoire de l'Eté 36. Poirot-Delpech est content. Est-on étonné, quand le sort joue des tours pareils ?

A Trouville, Marguerite Duras a reçu, elle aussi, le coup de fil attendu de son éditeur. Mais Jérôme Lindon ne lui a pas annoncé ce qu'elle espérait. Sans vouloir y croire. «Les éditions de Minuit n'auront jamais le prix Goncourt, lui dit-il, puisque vous ne l'avez pas.»Il détaille le vote : six voix pour Poirot-Delpech, trois pour l'Amant et une pour Bernard-Henri Lévy. «Bernard n'est pas un romancier», dit Duras.

Rillettes. Rue des Saints-Pères, à Paris, on apprend que seule Edmonde Charles-Roux, auteure Grasset, a voté pour BHL et son Diable en tête. Mais les autres ? «A qui sont allées les voix de Nourissier, Bazin, Stil… Et de Roblès, que l'on venait de mettre sous contrat pour son théâtre ? Et celle de Sabatier, dont on publie les œuvres de l'épouse ?» Ainsi persifle Jacques Brenner (1), invité par Jean-Louis Curtis chez Tiburce, le restaurant de la rue du Dragon. A Trouville, Marguerite Duras a demandé à Yann Andréa d'ouvrir un petit pot de rillettes, pendant qu'elle râpe les ca