Bertrand Poirot-Delpech franchit en cinq minutes les 500 mètres qui séparent la rue des Italiens de la place Gaillon. Claude Gallimard vient d'appeler, comme convenu, au Monde des livres. Poirot-Delpech a le Goncourt. Quand il arrive devant Drouant, François Nourissier, face au buisson de micros, est en train d'annoncer la victoire de l'Eté 36. Poirot-Delpech est content. Est-on étonné, quand le sort joue des tours pareils ?
A Trouville, Marguerite Duras a reçu, elle aussi, le coup de fil attendu de son éditeur. Mais Jérôme Lindon ne lui a pas annoncé ce qu'elle espérait. Sans vouloir y croire. «Les éditions de Minuit n'auront jamais le prix Goncourt, lui dit-il, puisque vous ne l'avez pas.»Il détaille le vote : six voix pour Poirot-Delpech, trois pour l'Amant et une pour Bernard-Henri Lévy. «Bernard n'est pas un romancier», dit Duras.
Rillettes. Rue des Saints-Pères, à Paris, on apprend que seule Edmonde Charles-Roux, auteure Grasset, a voté pour BHL et son Diable en tête. Mais les autres ? «A qui sont allées les voix de Nourissier, Bazin, Stil… Et de Roblès, que l'on venait de mettre sous contrat pour son théâtre ? Et celle de Sabatier, dont on publie les œuvres de l'épouse ?» Ainsi persifle Jacques Brenner (1), invité par Jean-Louis Curtis chez Tiburce, le restaurant de la rue du Dragon. A Trouville, Marguerite Duras a demandé à Yann Andréa d'ouvrir un petit pot de rillettes, pendant qu'elle râpe les ca