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Libération
Critique

L’adultère salutaire ?

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Désir. Eva Almassy prend en filature une femme lasse de la grisaille conjugale.
publié le 21 août 2013 à 20h46

Début d'un amour, début d'une histoire. Une femme a rendez-vous dans soixante-quinze minutes avec celui qui va devenir son amant. Elle va le chercher au train. Elle s'appelle Béatrice, donc Béa, mais aussi Bé, vit depuis vingt ans avec Angel, si on peut appeler ça vivre : «Aimer quelqu'un qui fait le mort et qui faisait d'elle une morte.» L'homme qu'elle court retrouver pour une nuit d'évasion est «l'inconnu», celui en lequel elle met tous ses espoirs. Il va aussi être question d'une certaine Vanessa, croisée sur un site de rencontres, car Béa, afin de sortir du marasme dans lequel la maintient fermement son compagnon, s'est dit qu'elle pouvait peut-être tenter sa chance du côté des femmes. Elle y est d'autant moins parvenue que derrière Vanessa se cachait sans doute un homme. A vrai dire, cette affaire virtuelle reste un peu mystérieuse. Tandis que l'attrait de l'inconnu, le désir qui porte vers le rendez-vous gare de Lyon comme dans la chanson, la conduite automobile qui devient soudain sport de glisse et transport amoureux, ça oui, nous y sommes, nous sommes du voyage, Eva Almassy a un don pour le covoiturage littéraire.

L'héroïne traverse Paris, évite le tunnel de Diana, roule avec une allégresse qui est en vérité le résultat d'une décision. Elle lutte. «Elle va piocher parmi les fanfreluches d'Eve de son âme et basculer du bon côté.» Le paysage s'accorde aux circonstances : «Itinéraire limpide, les feux rouges se couchent à ses pieds, elle