«La Terre sera affamée tant que je n’aurai pas retrouvé ma fille.» Parole de Déméter, déesse de l’agriculture et des moissons, face à la disparition de son unique enfant adorée, Perséphone. Devant tant de chagrin, Zeus le père, demande au ravisseur, son propre frère Hadès, maître des Enfers, de libérer Perséphone. C’est niet. Finalement, un compromis est trouvé : la jeune fille passera l’automne et l’hiver avec Hadès en tant que reine des Enfers, et le reste de l’année sur Terre où elle épaulera sa mère. Tout est bien qui finit à peu près bien. L’inverse d’Esprit d’hiver, le neuvième roman décoché par Laura Kasischke, redoutable archère qui vous crève le cœur à bas bruit mais avec une précision et un sang-froid imparables.
Le mythe de Déméter et Perséphone imprègne Esprit d'hiver. Laura Kasischke l'a découvert par sa propre mère, qui le lui lisait quand elle était petite fille. La tragédie grecque figure de fait au premier rang de ses influences. «Macbeth, les grands thèmes, la mythologie…»
Laura Kasischke venait d’avoir 20 ans quand sa mère, enseignante en primaire, est morte d’un cancer du sein. Elle était porteuse de la mutation du gène BRCA1, qui augmente drastiquement le risque de cancers du sein et de l’ovaire.
C'est aussi le cas de Holly, la mère d'Esprit d'hiver, qui a subi une double mastectomie et l'ablation des ovaires à titre prophylactique. Holly, «grâce à la médecine moderne, avait pu se débarrasser de sa destinée comme d'un