La voix chuchote : «Je suis à l'étranger. Rappelez-moi demain.» A l'appel suivant, la même voix basse justifie : «Désolé, je me trouvais dans un cabinet d'avocats à Genève.» Philippe Vasset n'en dira pas plus. Volontaire pour un portrait lié à la parution de son septième livre, il ne tend pas de perche pour suggérer un lieu personnel pour l'entretien. Rendez-vous est fixé sur un terrain extérieur et neutre, la salle intime des archives du journal.
Premier espace. Un adolescent sillonne Orléans à vélo. Un arpentage obsessionnel. Nourri de romans populaires, d'espionnage et de SF, le jeune Philippe Vasset a repéré au nord de la ville une sorte de ruine du futur. Une voie surélevée sur une vingtaine de kilomètres, relique des tests de l'aérotrain sur coussin d'air, invention géniale des années 60. Aujourd'hui, il y reconnaît «un monument extrêmement ballardien, comme une station spatiale échouée dans les blés.» Au cours de son quadrillage, il a repéré un autre lieu énigmatique : le champ de tir souterrain d'une base militaire désaffectée. «C'était comme une cathédrale inversée, avec des tout petits hublots qui diffusaient une espèce de lumière un peu glauque.» Le fils d'une prof de français et d'un médecin généraliste a fait du monorail et de la cathédrale des lieux d'élection. Premiers espaces d'appropriation. Très longtemps, ses rêves ont eu pour cadre Orléans.
Deuxième espac