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Libération
portrait

Lionel Duroy. Festen, Freud, fracas

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Le cahier Livres de Libédossier
La rentrée des pages (6/12) Cet exigeant revient sur son passé familial et amoureux avec le besoin de tout dire, coûte que coûte.
publié le 25 août 2013 à 19h06

Disons les choses comme elles sont : Si l’on ne connaissait pas l’ex-femme de Lionel Duroy, il n’est pas certain qu’on se serait intéressé à cet écrivain qui ne cesse de bêcher le terreau de ses douleurs d’enfance déstructurée, qui revient inlassablement sur le déclassement de sa famille aristo, sur son père VRP incapable de freiner la chute, sur sa mère affolée d’un statut social en lambeaux.

On connaît celle que Duroy nomme «Esther». Dans le dernier volet d'une autobiographie qui autofictionne tout en se jurant plus vraie que vraie, il l'imagine avocate. En fait, puisqu'il faut en venir aux faits, ces faits qui permettent de constituer des vérités diverses, elle est journaliste. On l'a cotoyée à Libération. En voyeur professionnel, on n'a pas détesté faire la part des choses entre celle qu'on regardait vivre au quotidien et celle qui, déjà, apparaissait enluminée, protégée, célébrée, dans les premiers romans de Duroy. Les vicissitudes des trajectoires ont fait qu'on a perdu Esther de vue. On la retrouve dans Vertiges, à l'heure de la séparation, quand les comptes se soldent, quand les illusions trépassent, quand les yeux se décillent. Avec cet art de la notation quotidienne qui se combine toujours avec une naïveté exagérée, Duroy la décrit ainsi :«Cette façon qu'avait Esther de remplir son frigidaire, de faire la soupe au potiron, de préparer le thé. On aurait dit que rien ne l'entravait, qu'elle n'avait de comptes à rendre à personne. Tout le monde n'