Un esclave affranchi qui débarque à Dublin en 1845, les préparatifs de la première traversée aérienne de l’Atlantique en 1919, un hôpital dans la guerre de Sécession… Au début, on ne comprend pas où l’auteur veut nous emmener, et puis on commence à percevoir des échos entre les différentes histoires, l’architecture du roman se dessine, complexe comme la structure d’un avion, limpide comme la géométrie d’un cristal de glace. Avec des leitmotivs qu’on retrouve d’un chapitre à l’autre : les chaînes dont on se libère, les fils qui meurent, la paix qu’on fait avec l’ennemi. Il y a aussi la blondeur et les caprices des jeunes enfants, la pluie, le vent, l’herbe et les vagues d’Irlande.
«Cristal». Transatlantic est le huitième livre de l'Irlandais Colum McCann. Alors qu'il vit depuis plus de vingt-cinq ans aux Etats-Unis, c'est sans doute le premier où il semble dire qu'il est chez lui des deux côtés de l'Atlantique. Comme dans tous ses romans, il y a ici des images qui ont une vibration et une précision oniriques. Comme dans plusieurs de ses livres, il y a d'étonnantes scènes de neige et de glace, par exemple celle où l'on voit une famille fabriquer de la glace au bord d'un lac. «Le givre fusait en geysers de poudre. Quand les sillons étaient assez profonds, ils découpaient les blocs au moyen de grandes scies. La meilleure glace avait la pureté du cristal, en bien plus dur.»
Un chapitre nous emmène dans l'Irlande du XIXe<