Menu
Libération

«American Prophet», Beatty Generation

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
publié le 4 septembre 2013 à 19h06

Comment être noir, et «à quel point», non seulement parmi les Blancs mais parmi les Noirs ? American Prophet (le titre américain original est The White Boy Shuffle) se présente comme l'autobiographie d'un garçon black de Los Angeles, élevé avec ses sœurs par sa mère «comme le butin d'un âpre divorce» et passant par divers quartiers et leur environnement social propre avant de devenir malgré lui «leader noir». «Hein, pas de sceptre ? Je n'ai pas au moins droit à un sceptre ? fut la seule chose qui me vient à l'esprit» quand le titre lui est attribué. La première phrase du livre est : «Ce boulot de messie est une plaie.» Gunnar Kaufman, le narrateur, a d'indéniables compétences en poésie et en basket mais a du mal à se retrouver à sa bonne place.

Paul Beatty, l'auteur né en 1962 à Los Angeles, professeur à Columbia, s'est fait connaître par sa poésie avant d'écrire trois romans dont celui-ci est le premier (Slumberland a été traduit au Seuil en 2009). Il dit écrire parce qu'il est «trop apeuré pour voler, trop laid pour devenir acteur, trop faible pour me battre et trop nul en math pour être physicien». Le roman repose sur les clichés prêtés aux Noirs, l'écriture en est on ne peut plus distanciée et le ton à la fois violent et comique. Le slam est une des influences de Paul Beatty. Un gamin blanc de l'autre temps ayant réclamé à sa grand-mère «un esclave» comme un cadeau, «jamais il n'