Le lecteur s'engouffre dans ce roman sur un chariot tiré par deux bœufs. Sous le tunnel de toile cahotant, une grand-mère se meurt en ne cessant de hurler. Faillir être flingué projette en plein mythe de l'ouest américain. La carriole bringuebalante chemine comme de bien entendu vers un morceau de lande accueillant et fertile. Les deux fils, Brad et Jeffrey, escortent le convoi avec Josh, le petit-fils. Les Indiens s'annoncent vite, sans dégâts. Orage-Grondant a reconnu un grand chef dans l'aïeule mourante et lui organise des funérailles dignes de son rang. Le manichéisme attendu du western s'en trouve vite rompu. Une vieille femme blanche peut incarner un dignitaire indien. Un Blanc peut scalper un Pawnee. C'est posé d'emblée. La littérature peut puiser dans tous les genres et redistribuer les cartes. Se mouler dans les codes et les renverser de la manière la plus naturelle possible.
Gâchette. Des différents coins de ce far west, les personnages déboulent un à un. Elie pique le cheval de Bird Boisverd, qui avait parcouru 900 miles sans trop d'anicroches. Et «tomber là, en pleine montagne désertique sur un voleur de cheval d'une telle décontraction, c'était vraiment la poisse. Il se serait tiré une balle dans le pied qu'il l'aurait mieux pris». Elie perd à son tour le canasson en le jouant aux dés avec Zébulon, armé d'un bien répandu Colt Peacemaker. Le cheval passe de main en main comme dans une course de relais. Mais d