En 1708, Roger de Piles publie des Cours de peinture par principes qui vont marquer leur siècle. «Entre les choses qui donnent de l'âme au paysage, écrit-il, il y en a cinq qui sont essentielles : les figures, les animaux, les eaux, les arbres agités du vent, et la légèreté du pinceau. On pourrait y ajouter les fumées, quand le Peintre a l'occasion d'en faire paraître.» C'est une bonne critique des derniers livres de Jean-Philippe Toussaint : le cycle «Marie Madeleine Marguerite de Montalte» - quatre romans dont le dernier, Nue, clôt la tétralogie -, c'est de la peinture, cette peinture-là, mais à l'encre. Il y a les figures, les animaux (le désormais célèbre cheval en avion à la Géricault peut-être empoisonné dans la Vérité sur Marie, dans Nue un furieux essaim d'abeilles), les eaux, les arbres agités du vent, la légèreté du pinceau et, en guise de «fumées», deux formidables incendies sur l'île d'Elbe, l'un naturel, l'autre criminel, tous deux inspirés par des feux vus en Corse, où Toussaint réside volontiers : «La documentation, c'est l'île d'Elbe. L'expérience, c'est la Corse.»
Chocolaterie. Le premier incendie, dans la Vérité sur Marie, on l'a lu tandis qu'il se répandait : l'histoire de l'héroïne et du narrateur prenait alors feu, elle aussi. Quand on découvre le second, à la fin de Nue, il a eu lieu. Une vieille chocolaterie a été détruite, peut-être pa