Les dirigeants du Mossad l'avaient surnommé «l'Ange». C'était la meilleure source dont disposait au début des années 70 l'agence de renseignement israélienne dans un pays arabe. Ashraf Marwan n'était rien moins que… le gendre de Nasser, devenu après la mort de ce dernier un proche conseiller du président El-Sadate. Il aura fallu des années pour que l'identité et le rôle de cet informateur, mort à Londres le 27 juin 2007 - tombé du balcon de son appartement -, soient révélés. Lors de ses funérailles au Caire, Moubarak salua «un patriote», affirmant que «les temps ne sont pas encore mûrs pour révéler son rôle» lors de la guerre du Kippour, en 1973. Cet affairiste et grand viveur, qui avait contacté lui-même en 1969 à Londres l'ambassade israélienne pour offrir ses services contre de très consistantes rémunérations, était-il un agent double, voire triple ?
Pendant plusieurs années, il avait fourni des infos en béton, notamment sur un projet d’attentat à Rome contre un avion d’El-Al, mais, en 1973, jusqu’au dernier moment, il ne dit rien des préparatifs de l’offensive égypto-syrienne du 6 octobre. Il n’avertira le Mossad que quelques heures avant. Le silence de cette source en or - ou cette intox délibérée ? - n’a en tout cas pas peu contribué à l’impréparation des Israéliens qui, jusqu’au bout, ont refusé de croire à cette attaque, malgré les nombreux signaux.
Travaillant à partir d'archives récemment déclassifiées, Marius Schattner, journaliste à l'AFP et aupar