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Libération
Critique

Le métier de mourir

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Le chroniqueur star de «Vanity Fair», disparu fin 2011, fait face au cancer avec ironie et brio
Christopher Hitchens en 2010. (Photo Shannon Stapleton. Reuters)
publié le 11 septembre 2013 à 19h01
(mis à jour le 12 septembre 2013 à 11h10)

Comment peut-on rester aussi drôle en chroniquant sa mort annoncée ? Comment peut-on rester aussi brillant ? Aussi mordant ? Aussi polémique ? Aussi… Christopher Hitchens ? Eh bien le dernier livre du journaliste, essayiste, polémiste le plus célèbre des Etats-Unis n'est pas raté. Vivre en mourant (Mortality en anglais), recueil de ses chroniques en direct de la maladie publiées dans le magazine chic Vanity Fair, tient la route. Jusqu'au bout. Comme dit son ami Salman Rushdie, «Hitchens jette des brassées de rire et d'intelligence à la face de la mort».

Très british, les deux, finalement, Rushdie tout né en Inde soit-il, et Hitchens, ancien élève d'Oxford, devenu écrivain américain. Fans d'humour, de culture, et d'écriture. Preneurs de risques aussi, partant à l'attaque en solo des grandes religions de ce monde. Quoique Hitchens, malgré sa croisade contre Dieu en général et en Amérique en particulier - Dieu n'est pas grand, son best-seller mondial - n'ait pas été menacé de mort. Simplement de brûler en enfer : «Qui ne sent que le cancer mortel de la gorge qu'a Christopher Hitchens est la vengeance de Dieu pour avoir utilisé sa voix à blasphémer contre Lui ? Il sera expédié dans le feu de l'Enfer pour y être à jamais torturé et brûlé», se déchaînent les sites religieux, se demandant s'il faut prier ou non pour le salut de Hitchens. Il note : «La vidéo annonçant sur YouTube la journée de prières en ma faveur est accompag