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publié le 18 septembre 2013 à 21h36

«Au bout du compte, j'ai fini la Peste, écrit Albert Camus à l'ami Louis Guilloux, le 12 septembre 1946. Mais j'ai l'idée que ce livre est totalement manqué, que j'ai péché par ambition et cet échec m'est très pénible. Je garde ça dans mon tiroir, comme quelque chose d'un peu dégoûtant.» Soucieux de transmettre son expérience, mais avec prudence et sans s'en prévaloir, «Mon Guilloux» répond que «cet état de désaffection et de retournement contre une œuvre» est inévitable. L'auteur du Sang noir, paru en 1937, a quatorze ans de plus que l'auteur de l'Etranger, paru en 1942. Les deux hommes sont d'une connivence évidente. Très enrichissante au début, la relation avec Francis Ponge, né en 1899 comme Guilloux, est moins naturelle et fait long feu. (On en a un aperçu dans la biographie de Herbert R. Lottman, publiée en 1978 au Seuil, qui reparaît au Cherche-Midi). Roger Martin du Gard est né en 1881, Jean Barois paraît l'année de la naissance de Camus, en 1913. Sur comment s'habiller à Stockholm par temps de Nobel, il est l'homme à consulter. Les correspondances inédites qui paraissent aujourd'hui à la faveur du centenaire d'Albert Camus, toutes trois entamées pendant la guerre, pallient la minceur des documents par un appareil critique étoffé. On en apprend plus sur ses amis que sur Camus lui-même, c'est très intéressant aussi.

Albert Camus et Francis Ponge, Correspondance 1941-­1957, Edition de Jean­Marie Gleize.

Alber