Benny Lévy du côté de l'amour. Même si Léo Lévy n'use jamais de ce mot dans le court et tendre livre de mémoires qu'elle consacre à son époux, l'intensité de leur relation transparaît à chaque page d'A la vie. «J'écoute ou plutôt je le regarde parler. Le point de rayonnement, ce n'est pas le soleil, c'est son front, son regard, la voix ardente malgré l'aridité du propos», écrit-elle sur l'intransigeant fondateur de la Gauche prolétarienne (GP). A lire Léo Lévy, Benny l'apatride, qui se disait «étranger à la terre», aura passé sa vie à chercher un pays ; le militantisme fut l'une de ses patries, la philosophie et la langue française aussi. Mais il ne se réconcilia avec son histoire qu'à Jérusalem. Sans jamais prendre la nationalité israélienne.
Léo, étudiante en lettres rescapée des ghettos polonais, et Benny, qui préparait le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure (ENS), se sont très classiquement rencontrés à la bibliothèque de la Sorbonne. «Rencontre de vérité, écrit Léo. Pour une fois, je sens qu'on s'adresse à moi, pas à une image de "belle juive", midinette, odalisque, madone.» Lui est né en 1945 dans une famille juive du Caire chassée par Nasser. Seul son frère aîné, Eddy Lévy, qui se convertira à l'islam, reste en Egypte. Il deviendra Adel Rifaat - et partagera le pseudonyme de Mahmoud Hussein avec un autre grand spécialiste du Coran et de l'Egypte, Bahgat Elnadi.
Amitié.