Le défi était absolument idiot, le relever était donc impératif. Il s’agissait de prendre le pouls des belles lettres en moins d’une semaine, en allant visiter trois manifestations littéraires on ne peut plus dissemblables : la Fête du livre de Medellín en Colombie, les Bibliothèques idéales à Strasbourg dans le Bas-Rhin, et les Rencontres de Chaminadour à Guéret dans la Creuse. L’affaire a coûté un bras en billets d’avion, de TGV et de TER, mais les expériences scientifiques, pour être rigoureuses, imposent de ne pas barguigner.
Mardi 17 septembre : Medellín. La Fête du livre et de la culture a lieu dans le jardin botanique, dans le nord de la ville. De cette verdure émergent des piles très verticales de la Verdad sobre el caso de Harry Quebert, de Joël Dicker, disposées sous une affiche publicitaire clamant : «Littéralement addictif». Dans une ville où, il y a peu, on se trucidait pour de la cocaïne, il aurait été difficile de trouver une accroche plus spirituelle. Ici, les livres sont plus chers que la poudre. Le Dicker est à 45 000 pesos, soit 17 euros, quand le salaire mensuel moyen dépasse à peine les 300 euros. Il faut vraiment beaucoup aimer la lecture. A Medellín, il reste interdit à deux hommes de partager une même moto car, encore récemment, le passager avait trop souvent les mains encombrées d'un flingue. A-t-on peur aujourd'hui qu'elles soient encombrées du bouquin de Joël Dicker ?
Vendredi 20 : Strasbourg. A la Fnac locale est organisé un «débat» sur la