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Libération
Libération a 40 ans

«Libération» par lui-même

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Rien ne devait aller avec rien, ni les hommes, ni les femmes, ni leurs désirs, ni leurs idées. Un récit vu de l’intérieur.
publié le 30 septembre 2013 à 19h36

En 1975, aux éditions du Seuil dans la collection «Ecrivains de toujours», parait un Roland Barthes par lui-même. Le principe de la collection est qu’un écrivain, un penseur, parle de l’œuvre d’un autre écrivain, d’un autre penseur, par l’étude critique de quelques extraits de son œuvre. Appliquant à ses livres et à sa propre vie ce droit de regard a priori extérieur, distant et savant, Barthes sacrifie au principe tout en le pulvérisant. L’entreprise est inédite et pour le moins intempestive à une époque où la doxa intellectuelle, autant philosophique que romanesque, privilégiait la déconstruction du sujet au profit d’un «nous» collectif, voire collectivisé, plutôt qu’une quelconque exaltation de l’intime ou de l’estime de soi. Ce Roland Barthes par Roland Barthes suscita un rien de stupeur et même de l’indignation chez ses détracteurs qui ne virent dans cet ouvrage qu’une autobiographie hagiographique, et, partant, le retour réactionnaire de la notion d’auteur, comme une sorte de résurrection popote du fameux «on est jamais si bien servi que par soi-même».

Trente-neuf ans plus tard, la relecture apaisée de Roland Barthes par Roland Barthes fait un tout autre effet et peut servir de guide pratique et encourageant pour se lancer à son tour dans une randonnée qui pourrait elle aussi paraître a priori arrogante : Libération par Libération, Libération par lui-même, avec le risque afférant de l'histrionisme.

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