Les «Conseils à un jeune écrivain» constituent un genre littéraire en soi. On ne compte plus les vieux écrivains qui veulent ou ont voulu transmettre un peu de leur mauvaise science aux jeunes écrivains, avec ce qu'il faut de roublardise, de haine discrète et de jalousie anticipatrice. Leurs ouvrages, interviews ou conférences commencent généralement par «Tu ferais mieux de renoncer tout de suite, mon ami» et se terminent invariablement par «N'écoute aucun conseil». Ce qui, au bout du compte, n'aide guère le jeune écrivain. Au moins celui-ci apprend-il que le vieil écrivain tutoie facilement le jeune écrivain.
Le jeune écrivain est jeune, c’est son premier problème. Le deuxième est qu’il n’est pas encore tout à fait écrivain. Le troisième est qu’il ne le sera probablement jamais. Toutefois, ces problèmes n’en sont pas vraiment : la jeunesse passe assez vite, et ne pas être écrivain libère suffisamment de temps pour devenir un bon joueur de badminton. Prodiguer des conseils à un jeune joueur de badminton serait infiniment plus précieux que de l’encourager à écrire en le gavant de recommandations idiotes. Sais-tu, jeune joueur de badminton, qu’au service l’important n’est pas d’imprimer une trajectoire biscornue au volant mais de déjà penser à son placement pour retourner le truc en plumes, au cas où le type en face réussirait à le renvoyer ?
Dany Laferrière, Haïtien de Montréal, a renoncé à former une nouvelle génération de joueurs de badminton, et il ne sembl