Il n'est pas nécessaire de faire de la politique pour tomber amoureux d'une Cubaine. Mais, en 1974, quand on est communiste et chilien, les deux sont liés. On, ici, s'appelle Roberto Ampuero. Aujourd'hui, il est ministre de la Culture d'un gouvernement de droite chilien et moribond. A l'époque, c'est un communiste de 20 ans qui, fuyant Pinochet, atterrit à Leipzig en RDA. Il partage sa chambre avec Joaquin, «un étudiant cubain tourmenté et bohème, fils d'un ancien communiste guérillero, qui venait de mourir à La Havane d'un cancer du poumon, dans un isolement politique ignominieux». Avec lui, il expérimente les dialectiques et les impasses du marxisme et de l'amour.
Cothurne. Son livre est le récit de ses années cubaines, dans la «décennie grise», la pire époque de la dictature castriste. En espagnol, il s'intitule : Nuestros Años verde olivo, «Nos Années vert olive». C'est la couleur de l'uniforme cubain, et puis ça sonne comme le refrain d'un bolero. A sa publication, en 1999, le texte fit du bruit en Amérique latine : encore un repenti réglant ses comptes avec les rêves et les passions de sa jeunesse, autrement dit avec Cuba. Ampuero commet bien parfois le péché d'anachronisme mental, confondant ce qu'il vécut et ce qu'il a compris, et son style est trop sentimental. Mais le livre est un grand document intime sur le passé d'une illusion collective : l'amour a conduit l'auteur à une place politique privilégiée, que nul étranger n'a ainsi occup