Jadis, dans les langues antiques à scriptio continua, ils n'existaient pas : aussi les mots sagglutinaientilsetsemblaientsetouffer. Aujourd'hui, ils vivent une nouvelle vie, ont appris à sourire :-) sont tristes :-( font des clins d'œil (^.˜) versent des larmes :' se donnent des canines de vampire ^,..,^ et s'habillent même en businessmen cravatés :-)/////>. Mais ils restent modestes, les signes de ponctuation, laissant à la phrase le soin de faire sens, alors qu'ils pourraient, s'ils voulaient, le bouleverser ou le tourner en bourrique : «Nietzsche dit : "Wagner est un clown"» - «Nietzsche, dit Wagner, est un clown».
Ecchymoses. Existent de nombreux ouvrages qui, du point de vue syntaxique, grammatical ou typographique, étudient «les divisions, les respirations et les scansions de la phrase ou du discours» auxquelles appelle la ponctuation. Mais rien n'a jamais été publié qui ressemble au court mais dense ouvrage de Peter Szendy, A coups de points, dans lequel le philosophe pose les bases d'une stigmatologie - peut-être pas une science mais une analyse cohérente de tous les «effets ponctuants», quel que soit le domaine où ils apparaissent. Les termes grecs de stigma ou stigmê équivalent au latin punctum, mais le verbe stizein, d'où ils dérivent, dit bien plus que ponctuer : piquer, tatouer, marquer d'une empreinte, voire contusionner ou