Ida se fait appeler Dora. Dora la Dingue ? Mi-Dora l'exploratrice du dessin animé, mi-Dora l'hystérique analysée jadis par Freud ; juste une fille en «Doc Martens rouge pompier», égarée dans ses 17 ans : «On se fait des piercings sur le visage, on se fait tatouer… n'importe quoi pour sentir quelque chose d'autre que la torpeur dedans. On invente des vêtements que les autres prennent pour des loques. On se défonce. On touche à la sexualité. On s'enfonce dans les oreilles une musique si forte qu'elle en est inaudible. […] On envoie des textos à s'en fouler les pouces, on tourne des films à l'arrache. On vit par le son et la lumière - par la technologie. Avec, à portée de main, l'arsenal de dope de nos zombies de parents.»
Et Dora traîne avec une bande d'ados flous comme elle : «On dansait fort chaque soir, à se baptiser les uns les autres de bleus.» Il y a Little Teena, ourson gay de plus de 100 kilos, qui «est AUX TAQUETS où qu'il aille et quoi qu'il fasse». Ave Maria, «archi-défoncée la plupart du temps, alors j'ai aucune idée de qui elle est, mais au moins elle est inoubliable». Et Obsidienne : «Obsidienne est tellement Obsidienne qu'on a l'impression qu'elle tuerait quiconque osant, même une seconde, ne pas faire attention à elle.» Dora ressent un truc fort pour elle : «Ses cheveux noirs… battent le mot "nuit" à plate couture. Pas un mec sur Terre ne mouillerait plus pour cette fille que moi.»
Pourtant, Dora est