Robert Mitchum vient toujours quand on l’appelle, aussi le titre du nouveau roman de Jean Hatzfeld reste-t-il définitivement ambigu. Ce qu’on peut dire néanmoins, au sujet de Robert Mitchum, meilleur chien du monde, fidèle, et comprenant toutes les situations, c’est que son maître va en être séparé pendant plusieurs années. Cela se produit comme, on imagine, dans toutes les guerres. Un barrage se lève et bloque soudain le passage, à un endroit familier.
Le maître de Robert Mitchum s’appelle Vahidin. Il est musulman. Ayant installé sa mère et ses sœurs à Sarajevo, où on entend de vagues explosions avant que les combats se précisent, puis le siège, Vahidin ne peut pas rentrer en banlieue, à Ilidža, où sa fiancée, Marija, réside. Elle est serbe. Ils s’entraînent tous les deux pour les Jeux olympiques de Barcelone, qui ont lieu dans quatre mois. Robert Mitchum demeure côté serbe, avec Marija qu’il protège. Renoncer au chien, pour Marija, serait se résigner à ne plus avoir aucun lien avec son amoureux et sa famille.
Sport. Vahidin et Marija sont loin de rejouer Roméo et Juliette. Jean Hatzfeld referme sur leur amour le piège de Sarajevo, mais il s'intéresse davantage à leurs actions qu'à leurs sentiments. Ce sont deux as dans une discipline où, apparemment, les Yougoslaves étincelaient, et qui est peu pratiquée dans la littérature : le tir. Il était déjà question d'un athlète olympique, coureur de marathon, dans le précédent roman d'Hatzfeld, <